L’entreprise Facebook, qui est déchirée cette année par des scandales, notamment autour de la manière de gérer les données privées de ses utilisateurs, connaît une nouvelle tempête, plus cachée, une crise interne, relate BuzzFeed News, en se basant sur sa propre enquête, ainsi que des commentaires anonymes d’actuels et anciens employés.
Cette année a été marquée pour Facebook par l'audition de son PDG Mark Zuckerberg devant la Chambre des représentants américains et le scandale des données collectées par Cambridge Analytica, puis, par une faille de sécurité compromettant potentiellement les données personnelles d'au moins 50 millions de comptes, mais il y a encore une autre crise qu'affronte le réseau social, indique BuzzFeed News qui a parlé avec plusieurs employés du réseau social qui préfèrent conserver l'anonymat. Il s'agit des tensions internes qui ne semblent pas être très bien gérées par la direction de Facebook, vu que depuis un an une douzaine de cadres exécutifs ont quitté l'entreprise.
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La crise interne de Facebook s'est aggravée surtout après celle liée à la société de relations publiques Definers, un cabinet engagé par le réseau social pour dénigrer ses opposants, selon l'enquête menée par BuzzFeed News. Cette affaire a fait surface dans un article publié par The New York Times, qui a largement critiqué la gestion de l'exécutif du réseau social.
Facebook a rompu le 13 novembre le contrat qui le liait à Definers, une société réputée proche des Républicains, précise le portail. Du côté des journalistes de The New York Times, on reprocherait également au patron de Facebook et à sa numéro deux Sheryl Sandberg d'avoir «ignoré les signes avant-coureurs» de soi-disant tentatives d'ingérence russe dans les élections américaines de 2016.
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Mais BuzzFeed News est allé plus loin et a discuté de la crise interne de Facebook avec ses employés. D'après leurs commentaires, il semble que la société californienne soit divisée en plusieurs camps, surtout vu la légitimité remise en question de ses deux dirigeants, Mark Zuckerberg et la directrice des opérations en charge de la communication du groupe Sheryl Sandberg. Certains sont loyaux à Zuckerberg et Sandberg, alors que d'autres sont plutôt d'avis que tous ces scandales sont les preuves d'une crise profonde de l'entreprise. Enfin, des employés considèrent que les médias aggravent la situation qui n'est pas aussi critique.
«Cela est, pourtant, raisonnable, les personnes saines qui sont dans l'orbite de Mark se lancent dans une rhétorique anti-médias, en disant que la presse se coalise contre Facebook. C'est la mentalité du bunker. Ces personnes sont assiégées depuis 600 jours maintenant. Elles deviennent fatiguées, devenant excentriques, la seule stratégie de survie est de partir ou de s'engager complètement», selon un ancien employé cité par BuzzFeed News.
Plusieurs employés actuels et anciens décrivent une tension et, parfois même, une atmosphère hostile, à l'intérieur de l'entreprise, relève BuzzFeed News. Ils ont aussi confié que les salariés étaient divisés par leur attitude envers Sheryl Sandberg qui est blâmée pour les derniers problèmes de Facebook. Nombreux sont ceux qui appellent à sa démission, est-il ajouté.
Sur l'application semi-publique Blind qui permet aux employés de Facebook de discuter anonymement, les discussions deviennent vite tendues à la mention du nom de Sandberg. Un utilisateur a exprimé sa frustration contre ceux dans l'entreprise qui vénèrent Sandberg comme icône féministe et chef, relate BuzzFeed News.
«Il est venu le temps de se dresser contre ces faux champions opportunistes féministes. Donnez-moi des opportunités de réussir!! Je suis une victime!! En avant toutes [référence au livre de Mme Sandberg, ndlr]!!»
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Ils sont attaqués par les autres, qui considèrent qu'elle est devenue une cible, constate le site. Parmi eux, Matt Jacobson, le directeur du département du développement du marché chez Facebook, qui a publié son opinion ouvertement.
«La joie maline coule profondément, surtout lorsqu'il s'agit de quelqu'un qui a réussi et qui a apporté autant avec elle», a-t-il écrit sur sa page Facebook.
Afin d'essayer de calmer les médias et les critiques, Mark Zuckerberg a donné une interviewà la chaîne américaine CNN où il a expliqué qu'il n'envisageait aucune démission dans l'immédiat. Interrogé sur la possibilité de voir Sheryl Sandberg démise de ses fonctions, le fondateur de Facebook a avoué qu'elle était très importante pour l'entreprise.
«Sheryl est très importante pour cette entreprise et elle prend en charge beaucoup de choses sur les sujets les plus sensibles que nous avons à traiter. […] Je suis fier du travail que nous avons réussi à effectuer et j'espère que nous continuerons à travailler ensemble pendant des décennies.»
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En guise de conclusion, Mark Zuckerberg a résumé qu'une attention élevée sur les problèmes de Facebook serait toujours présente de par la grande diversité des possibilités de s'exprimer aujourd'hui, mais qu'il croyait dans le même temps en toutes les bonnes choses qui arrivent grâce à Facebook, dont le but est de connecter les personnes.
«De plus en plus de gens se font entendre. Je pense que c'est une bonne chose. Il va certainement y avoir des problèmes que nous aurons besoin de régler, mais je pense que pendant que l'on fait cela, il ne faut pas perdre de vue toutes les choses positives qui se passent aussi ici.»